Haïti/Politique/RDNP/Éditorial : Renier sa patrie

Port-au-Prince, le samedi 27 août 2022. Il fut un temps où certains compatriotes, à force de frustration, de colère, de haine, reniaient leur patrie pour avoir été contraints à l’exil pour des raisons politiques, condamnés ad vitam aeternam par celui qui se prenait pour Dieu le Père.

L’exil est impie et la terre d’accueil reste bien ce qu’elle est : une terre étrangère, une patrie d’adoption ; ces compatriotes n’avaient jamais tué en eux le doux rêve de revoir leur pays d’origine.

Pourtant, en ce temps-là, il y avait même trop de terres d’accueil pour masquer le triste drame quotidien du dépaysement, du départ sans espoir de retour à la Terre natale. Des pays de l’Afrique, de l’Amérique du Nord, de l’Europe, des Antilles… ont accueilli chaleureusement les premières et deuxièmes vagues de sœurs et frères haïtiens désespérés.
Au Rassemblement des Démocrates, Nationaux, Progressistes (RDNP), nous faisons le douloureux constat que, aujourd’hui, les exilés des dernières vagues de migration se comptent par centaines de mille et viennent de toutes les couches sociales. Ils fuient l’horreur, la terreur du règne des gangs armés, se déclarant « bandits légaux fédérés », à savates et à cravate. Jamais, dans l’histoire de ce pays, on n’a fait face à cet exode débridé de talents, de compétences, d’expertises, dans toutes les tranches d’âge.

Alors qu’il n’existe plus pour les Haïtiennes et Haïtiens de terre d’accueil, de patrie prête à les adopter et qu’ils en sont pleinement conscients.
Preuve que la situation actuelle pousse nos compatriotes non au grand désespoir, mais plutôt au suicide à petit feu ou maquillé dans une prétendue quête de survie.

C’était déjà connu, la haine feinte des Dominicains envers nos compatriotes qui, à un moment, était sélective et exprimée seulement par les dirigeants.
Désormais, elle est ouverte et se répand dans les manifestations publiques et populaires. Pire, des élus dominicains ne cachent plus leur visage pour cracher sur les entrepreneurs, investisseurs, étudiants, voire, sur les sans-papiers, les chômeurs, les mendiants qui sont d’origine haïtienne.

Que Dieu les préserve d’un nouveau massacre sur cette terre hostile ! Ce qui ne peut exclure les persécutions, déportations massives, le mal-être existentiel permanent.

C’est une réaction suicidaire qui doit pousser tant de jeunes et vieux à s’aventurer en haute mer dans de frêles embarcations, à prendre la décision de quitter le pays, même par voies légales et régulières.

Parmi eux, on trouve d’anciens irréductibles qui ne rêvaient jamais de vivre ailleurs. Pourront-ils, un jour, ne pas renier leur patrie et faire une opération retour, avec la conviction de vivre et mourir chez eux ?

Au RDNP, nous travaillons inlassablement pour que soit possible cette transformation de la Terre natale en Terre promise pour tous.

Pour nos Aïeux, nos enfants et ces nombreux exilés désespérés !

Ensemble, ensemble, ensemble, jusqu’à la victoire finale.

Met men, pran desten nou an men.

Eric Jean Baptiste

Un texte proposé par le RDNP (Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes)

Centre infos | 02 Septembre 2022 |